Je ne savais pas comment aborder la conversation avec Castiel, j'avais besoin de conseils. Je n'étais pas encore assez proche d'Iris pour me confier à elle à propos de cela, même si j'étais certaine qu'elle aurait été prête à m'aider. J'étais un peu gênée à l'idée de parler sexualité avec ma mère, même si nous l'avions déjà fait il y a quelques années, la fameuse discussion mère-fille, ce moment me met toujours mal à l'aise quand j'y repense. Je décidai donc d'envoyer un message à une de mes proches amies de mon ancien lycée, Laeti. Elle était au point niveau garçons et sentiments, et adorait parler de tout ce qui s'en rapproche. J'étais certaine qu'elle saurait me venir en aide.

Aussitôt, elle m'appela sur Skype. Je ne fus pas surprise de sa réactivité.

 

« Iphiii, s'exclama-t-elle, je suis trop contente de te parler ! Tu nous manques à tous ici, il faut vraiment qu'on s'organise une soirée ensemble aux prochaines vacances !

  • Vous me manquez aussi ! confirmai-je.Tu as raison, ce serait vraiment trop bien. Vous pourriez venir ici, toi, Tristan, Émilie et Evan, je vous présenterai à mes nouveaux amis.

  • Oh oui bonne idée ! s'émerveilla-t-elle. Il reste un peu plus de trois semaines avant les vacances de Noël, ça va passer vite, j'ai trop hâte ! »

 

Laeti s'enflammait toujours pour un rien, c'était comme si tous ses sentiments étaient décuplés. Un coup de cœur pour un garçon devenait l'amour de sa vie, une petite déception et elle pleurait toutes les larmes de son corps, et elle riait à s'en étouffer à la moindre blague. Tout le monde ne l'aimait pas, la trouvant superficielle. Mais elle était comme ça, elle ne jouait pas la comédie, et moi je la trouvais touchante et amusante. Même si j'étais tout le contraire d'elle, n'aimant pas afficher mes sentiments devant tout le monde.

 

« Raconte-moi, j'ai pas compris tout ton message ! s'impatienta-t-elle. Tu as rencontré un garçon ? Comment il s'appelle ? Vous vous êtes embrassés ?

  • Oui, il s'appelle Castiel, et oui on s'est embrassés, répondis-je. On est ensemble seulement depuis deux semaines environ, mais j'ai l'impression que cela fait des mois.

  • C'est trop bien ! C'est le coup de foudre dis-moi, d'habitude tu prends ton temps, tu laisses les garçons courir après toi des semaines avant de savoir si oui ou non tu vas accepter un simple rendez-vous avec eux.

  • J'imagine que c'est parce lui me plaît vraiment, confiai-je, justement, c'est de ça que je voulais te parler, j'ai jamais ressenti un truc pareil.

  • Oh là là, souffla-t-elle, le grand amour ! Et qu'est-ce qui te perturbe ?

  • Eh bien, tu vois, cet après midi, commençai-je.

  • Oui ?

  • On était dans sa chambre, on s'embrassait sur son lit.

  • Coquine ! pouffa-t-elle. Continue, c'est de plus en plus intéressant.

  • Si tu m'interromps encore une fois j'arrête de tout te raconter, la grondai-je en riant.

  • Non, non, j'arrête ! promit-elle. Continue, je t'écoute.

  • C'est devenu de plus en plus chaud, et d'un coup je l'ai repoussé, et c'est limite si je suis partie de chez lui en courant, avouai-je.

  • Oh le pauvre ! Vous vous êtes reparlé depuis ? demanda-t-elle.

  • Ça ne fait que quelques heures que je suis rentrée, mais non, on s'est pas envoyé de messages. Mais demain j'ai envie de parler de tout ça avec lui, lui dire que je ne pense pas être prête à ce que l'on couche ensemble. Même si j'ai vraiment envie de lui, si tu savais, il me rend folle, soupirai-je.

  • Je veux bien te croire, soupira-t-elle à son tour, c'était pareil avec Jérémy. Avec Théo, aussi, c'était dingue.

  • Justement, comment tu as abordé ça avec eux toi ? demandai-je.

  • Avec Théo j'ai pas vraiment abordé les choses, expliqua-t-elle, on a pas beaucoup parlé, tu vois ce que je veux dire. Mais avec Jérémy c'était la première fois, il m'a compris, même si lui avait déjà fait l'amour avec plusieurs filles, je lui ai juste expliqué que j'avais besoin d'être sûre que c'était sérieux entre nous, d'apprendre à plus le connaître. Finalement, tout s'est bien passé. C'était magique avec lui, j'étais tellement triste quand il est parti faire ses études en Italie, tu te souviens ?

  • Oh oui, et les litres de Ben & Jerry's que tu as avalé. On a dû regardé Titanic une dizaine de fois cet été là. J'aurais dû prendre des actions chez Kleenex, j'aurais fait fortune ! »

 

On continua à se remémorer de bons souvenirs en riant une bonne partie de la soirée. Parler avec Laeti m'avait rassuré. Il suffisait que je me lance, que je parle avec Castiel simplement, en tête-à-tête avec lui, calmement. S'il tenait à moi il comprendrait, et je n'en doutais pas.

 

 

Pendant la pause déjeuner du jeudi, je demandai à Castiel s'il voulait bien qu'on aille se poser au calme dans la cour pour parler. Il accepta, l'air inquiet. Nous nous assîmes sous un arbre, le sol était froid, mais pas humide. La cour était déserte, et nous pouvions parler sans peur d'être écoutés. Castiel me prit la main, entrelaça ses doigts autour des miens, mon cœur battait plus vite qu'à la normal, je respirais un grand coup pour me relaxer. Castiel fronçait les sourcils.

 

« De quoi tu veux parler ? me demanda-t-il.

  • D'abord je voulais m'excuser d'être partie aussi précipitamment hier, tu as dû te demander pourquoi je réagissais comme ça.

  • Un peu oui, acquiesça-t-il. Donc, tu m'expliques ?

  • J'ai paniqué on va dire, avouai-je.

  • Pourquoi ? fit-il, surpris.

  • Ça allait un peu trop vite pour moi, commençai-je, j'ai jamais été aussi proche physiquement de quelqu'un, j'avais énormément envie de toi, et mes sentiments m'ont fait peur, je crois.

  • Oh ok, dit-il, les yeux écarquillés. Mais fallait pas te mettre dans cet état, même là, je te sens super nerveuse, détends-toi. »

 

Il me caressa le dos et me fit un baiser sur la tempe. Je respirai profondément et lui souris.

 

 

« J'avais très envie de toi aussi hier, tu sais, me confia-t-il. Enfin, j'ai toujours envie de toi, je sais pas pourquoi je le dis au passé... »

 

Cela me fit rougir.

 

« Mais ralentir le rythme, ça me va, continua-t-il. J'imagine qu'on pourrait aller au ciné ou au resto avant, ça paraît plus raisonnable, dans la suite logique des choses. Je vais aller rendre au bijoutier la bague de fiançailles, plaisanta-t-il, je vais peut être un peu vite, tu as raison.

  • Oh non une bague je veux bien ! m'exclamai-je. C'est super romantique.

  • Ah flûte, je l'ai pas sur moi tout de suite, dit-il en riant. Non, mais, sérieusement, si je t'ai brusquée hier, je suis désolé.

  • C'est moi, j'ai réagis de façon excessive. J'aurais dû simplement te dire ce qui n'allait pas. »

 

J'étais rassurée, tout allait bien. On continua à discuter et la conversation dériva :

 

« Hé mais, tu n'as pas rendu ton autorisation de sortie pour le théâtre de demain, qu'est-ce-que tu vas faire ? le questionnai-je.

  • Rester chez moi et dormir j'imagine, répondit-il. Je tenais pas plus que ça à y aller.
  • C'est dommage, ça me plaisait de passer la journée avec toi ailleurs qu'en cours, dis-je, un peu déçue qu'il ne partage pas mon opinion.

  • On peut se voir ce week-end, non ? Sauf si tu comptes encore passer la journée avec Armin, marmonna-t-il.

  • Tu m'agaces avec Armin, et oui on peut se voir ce week-end si tu veux, répondis-je. On se tient au courant. »

 

J'étais un peu contrariée que Castiel se fiche de la sortie au théâtre alors que moi j'étais si emballée. Mais peut être que j'y accordai trop d'importance alors qu'en réalité nous allions nous ennuyer toute la journée. J'hésitai même à ne pas y aller pour passer la journée avec lui, mais j'imagine que Mr. Jones et M. Capet listeraient les absents, et que je me ferais vite repérer.

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